La laque

Ce qui peut avoir l’air d’un sujet clos ne l’est en fait pas tant que ça. Evidemment, on peut penser que pour une technique dont les premières traces datent de plus de 7000 ans¹, le corpus serait assez fourni pour donner des réponses claires.

C’est en partie vrai, mais pas tout à fait. Je vous explique…

Il serait pourtant simple pour une personne de trancher et son appréciation ne nécessiterait pas plus de deux étapes pour arriver au même constat inévitable que tous les autres qui auraient la chance de poser les yeux sur un de ces objets authentiques.

Il s’agit de d’une laque, de laque, de laquage. Mais de quoi parle-t-on ?

La technique est indissociable du matériau employé, il semble donc nécessaire de réintroduire la technique de base qui consiste à appliquer ladite laque sur un médium.

Tout commence alors avec l’extraction de la matière première qui provient de l'arbre à laque (Toxicodendron vernicifluum). Celui-ci produit une sève appelée urushiol. Les arbres doivent atteindre une maturité de 8 à 10 ans avant d'être exploités. L'arbre est sélectionné en fonction de sa taille et de la santé de son tronc. Un arbre mature produit une laque de meilleure qualité​.L'extraction commence par des incisions superficielles dans l'écorce de l'arbre. Ces coupures sont généralement en forme d’ "œil de grive", c’est à dire deux coupes en demi-cercle permettant de limiter les dommages à l'arbre s'assurant ainsi des récoltes pour les années futures. La sève, qui s'écoule lentement avant d’être recueillie dans de petites coupelles insérées dans les coupures. Ce processus est généralement effectué tôt le matin, lorsque la température est plus fraîche et que l'humidité est plus élevée, car cela favorise une meilleure excrétion de la laque​. L'extraction de la laque dépend fortement des conditions météorologiques. Les journées nuageuses sont idéales pour récolter la laque, tandis que les journées ensoleillées ou très sèches réduisent le flux de sève. Si la laque est extraite dans des conditions inappropriées, elle peut être de mauvaise qualité ou l'arbre pourrait se dessécher prématurément​. Après chaque récolte, l'arbre a besoin de temps pour se régénérer. Un bon entretien permet à l'arbre de continuer à produire de la sève pendant plusieurs années sans être endommagé de manière permanente​.²

Dans les villages où les arbres à laque (Toxicodendron vernicifluum) sont cultivés, ces arbres occupent une place importante à la fois économiquement et culturellement. Traditionnellement, les arbres à laque sont considérés comme des ressources précieuses, car ils permettent la production de laque, un matériau utilisé pour fabriquer des objets de luxe et de prestige, tels que des récipients, des meubles et des œuvres d'art. La culture et l'extraction de la laque sont souvent perçues comme un savoir-faire artisanal transmis de génération en génération, ce qui confère à ceux qui travaillent avec ces arbres un certain statut au sein de la communauté. Les plantations d'arbres à laque se trouvent généralement à proximité du village, mais pas directement à l'intérieur. Les arbres doivent être cultivés dans des zones boisées ou des champs bien entretenus, où les conditions d'humidité et de température sont propices à leur croissance. Ces zones sont souvent situées dans des vallées ou sur les flancs de collines, où le climat est plus frais et humide, favorisant la production de sève de qualité. Cela permet également de protéger les arbres de l'exploitation excessive tout en préservant l'écosystème local​.

Dans de nombreuses régions rurales, les arbres à laque sont exploités par des familles qui possèdent une petite plantation d'arbres. Ces familles récoltent la laque selon des méthodes traditionnelles, avec un savoir-faire transmis au sein de la famille. Ce modèle d'exploitation est typique dans les zones où la production de laque est une activité complémentaire à l'agriculture. Dans certains cas, les villages ou communautés gèrent collectivement des plantations d'arbres à laque. Cela permet une gestion plus centralisée de la ressource et assure que les arbres ne sont pas surexploités. Dans ce modèle, les profits tirés de la vente de la laque peuvent être répartis entre les membres du village, ce qui crée une dynamique sociale où la ressource naturelle est perçue comme un bien commun.

¹ Liu, Li, et al. (2012). The Archaeology of China: From the Late Paleolithic to the Early Bronze Age. Cambridge University Press.

² Lin, Y., Liu, H. (2020). Innovative Application of the Research on Material Properties of Chinese Lacquer in the Design of Pile Lacquer Implement.

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